500 ans de mélancolie en trois tableaux
Un début d'interprétation par Annemarie Heintz-Roehrich
Un début d'interprétation par Annemarie Heintz-Roehrich
Ces trois tableaux représentent, pour moi, l’évolution du génie créateur humain, du processus de la conscience individuelle qui se développe dans le temps, semblable à celui de l’enfant qui se sépare de ses parents et après sa crise d’indépendance se relie à eux dans sa maturité.
Dans chaque tableau le Génie est placé dans un espace différent qu’on pourrait résumer en 3 mots : dehors, dedans, relation entre les deux.
1. Chez Durer, qui est aussi géomètre, le génie est assis entre la sphère (symbole de l’unité cosmique) et le carré (avec ses chiffres, symbole des sciences terrestres). Au tournant d’une nouvelle époque avec les grandes découvertes et le développement de la pensée individuelle, sa créativité est bloquée, immobilisée.
Dans l’image de Durer les symboles de la balance (pour l’équilibre de l’âme), de l’échelle (vers la connaissance), du compas ouvert (à la recherche du centre) nous montrent la mélancolie de l’humanité à la recherche de son centre, du sens de son existence, du matérialisme vers l’esprit…
Le génie ressent la séparation de la Connaissance, (de la Sophia), entre esprit et matière, d’une science qui deviendra de plus en plus matérialiste et d’une religion de plus en plus dogmatique.
Dans l’image de Durer les symboles de la balance (pour l’équilibre de l’âme), de l’échelle (vers la connaissance), du compas ouvert (à la recherche du centre) nous montrent la mélancolie de l’humanité à la recherche de son centre, du sens de son existence, du matérialisme vers l’esprit…
Le génie ressent la séparation de la Connaissance, (de la Sophia), entre esprit et matière, d’une science qui deviendra de plus en plus matérialiste et d’une religion de plus en plus dogmatique.
2. Chez Cranach cette séparation est devenue visible : « le Génie » est assis dans la chambre intérieure de l’âme, avec à l’extérieur la forteresse de la foi et le chemin qui y conduit. La foi, selon Luther, nous sauve de la mélancolie, péché du doute qui nous sépare de l’amour divin, révélé par le Christ. C’est sur Lui (personnage debout sur le ciboire) que se pose le regard de l’Enfant sur la balançoire, détail sur lequel l’erreur de perspective de la petite fenêtre veut attirer notre attention. Le Génie est représenté par une femme dans laquelle on peut reconnaître Marie-Madeleine. Avec sa robe rouge, elle personnifie l’amour, ayant été proche de la passion du Christ (rappel avec la couronne d’épines sur sa tête) et la première à le rencontrer après sa résurrection. Elle ne songe pas au passé et son regard plonge dans le notre ; c'est un regard qui sait, qui voudrait partager ses connaissances, éveiller notre attention pour bien regarder et découvrir les messages de cette peinture…
Lucas Cranach qui a assimilé l’enseignement de Luther, enseigne par l’image ce que Luther fait avec les mots. Images qui grâce à son génie et la magie de l’art, parlent un langage universel, touchent le cœur et questionnent l’esprit. Dans quelle mesure leur symbolique cachée était-elle comprise par ses contemporains, et même par Luther ? (dont on trouve la rose dans le pied de la table).
Lucas Cranach qui a assimilé l’enseignement de Luther, enseigne par l’image ce que Luther fait avec les mots. Images qui grâce à son génie et la magie de l’art, parlent un langage universel, touchent le cœur et questionnent l’esprit. Dans quelle mesure leur symbolique cachée était-elle comprise par ses contemporains, et même par Luther ? (dont on trouve la rose dans le pied de la table).
3. En 500 ans la conscience a évolué : à la foi se sont ajouté de nouvelles connaissances et une nouvelle capacité de compréhension. J’ai ajouté une perspective qui permet de regarder la Mélancolie avec du recul, d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Un point de vue qui relie le ressenti à une observation objective pour comprendre la signification des symboles au-delà des références bibliques, et trouver peu à peu des réponses aux nombreuses questions que pose cette image.
Mais comment résumer tout ce que j’ai découvert ?
"Marie-Madeleine" nous montre comment prendre la situation en main en taillant un bâton ! Serait-ce le bâton de l’égo dont il faut enlever l’écorce de l’orgueil, éliminer les préjugés, aiguiser le discernement pour voir le danger du nuage, mais aussi la venue de l’Enfant. L’activité des mains demande de la volonté, pour tailler il faut de la présence d’esprit, de l’attention, être vigilant, observer avec précision, savoir … ce sont des qualités dont nous avons besoin pour créer la nouvelle culture pour sortir de la crise actuelle de l’humanité !
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En observant avec précision, on découvre que l’Enfant sur la balançoire se trouve à la pointe d’un triangle dont la base est formée par la femme et le petit personnage sur le ciboire. (La femme, représentant l’âme et le personnage debout, Christ ressuscité). L’Enfant qui vient du ciel serait l’Esprit qui se relie à l’âme et à la vie du corps, voilà l’équilibre tant recherché de l’unité corps-âme-esprit ! (Totalité et perfection du globe, symbole de l'unité, vers lequel pointe le bâton du Génie). |
Et les trois enfants ? Pour moi ils représentent les trois capacités et niveaux de conscience de l’âme : Le premier c’est la pensée, consciente elle accueille l’Esprit avec joie. La fillette au milieu est hésitante, c’est le flou des sentiments. Le dernier qui tourne le dos c’est la volonté inconsciente. Le but du Génie c’est d’éveiller les trois à la lumière de l’Esprit pour la liberté dans la pensée, l’égalité et l’équilibre dans le cœur et la fraternité dans l’activité de la volonté. Ce sera la nouvelle conscience de l’âme qui permettra de voir et de vivre l’unité du triangle corps-âme-esprit. |
La trinité de l’âme peut aussi se voir chez Luther avec l’idée révolutionnaire de la liberté du chrétien et on pourrait dire que ce qui pour lui était la foi, la grâce et les œuvres, se retrouve dans l'idéal de la devise française, sécularisé par le développement de la pensée intellectuelle, devenant plus de deux siècles plus tard : liberté, égalité, fraternité !
Encore deux siècles plus tard (500 ans après Luther) voilà qu’on découvre que l’intellect ne suffit plus : Au-delà des sciences, de la théologie, de la philosophie, Marie Madeleine nous dit d’ouvrir les yeux de l’esprit et du coeur : avec le discernement d’une pensée aiguisée et libre, de relier la chaleur du cœur au travail des mains … tout simplement aimer ! Ce sera l’avènement d’une nouvelle Con-naissance, basée sur une spiritualité laïque ? A partir de la fraternité, elle permettra de retrouver l’unité perdue, de guérir de la mélancolie !
Dans ma peinture on peut trouver les trois niveaux de l’âme humaine dans la perspective des trois plans de l’espace terrestre : le plan horizontal correspond à l’équilibre des sentiments, la pensée avec les concepts et la vision du monde est dans le plan frontal, la volonté, elle,debout sur les pieds, avance dans le plan sagittal (vertical).
C’est une connaissance de soi objective, qui permet une nouvelle conscience de l’espace et de faire le lien entre le monde matériel et le monde spirituel.
Voici donc quelques aspects, il y en a bien d’autres...
Annemarie Heintz-Roehrich, Dieulefit, Juin 2017
Encore deux siècles plus tard (500 ans après Luther) voilà qu’on découvre que l’intellect ne suffit plus : Au-delà des sciences, de la théologie, de la philosophie, Marie Madeleine nous dit d’ouvrir les yeux de l’esprit et du coeur : avec le discernement d’une pensée aiguisée et libre, de relier la chaleur du cœur au travail des mains … tout simplement aimer ! Ce sera l’avènement d’une nouvelle Con-naissance, basée sur une spiritualité laïque ? A partir de la fraternité, elle permettra de retrouver l’unité perdue, de guérir de la mélancolie !
Dans ma peinture on peut trouver les trois niveaux de l’âme humaine dans la perspective des trois plans de l’espace terrestre : le plan horizontal correspond à l’équilibre des sentiments, la pensée avec les concepts et la vision du monde est dans le plan frontal, la volonté, elle,debout sur les pieds, avance dans le plan sagittal (vertical).
C’est une connaissance de soi objective, qui permet une nouvelle conscience de l’espace et de faire le lien entre le monde matériel et le monde spirituel.
Voici donc quelques aspects, il y en a bien d’autres...
Annemarie Heintz-Roehrich, Dieulefit, Juin 2017
500 ans de mélancolie en trois tableaux (suite)...
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